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Overwatch, caractérisation et clichés

by Sbeu on nov.01, 2015, under Crobards, Speed

Récemment, Blizzard a lancé la béta fermée d’Overwatch, leur clone de Team Forteress 2 avec 6 ans de retard. Je ne discuterai pas de gameplay ici, je ne fais bien évidemment pas partie des détenteurs d’une clef et je n’y jouerai de toutes façons probablement pas, tant je suis mauvais (et pas spécialement intéressé) en shooters en arène.

Cela dit, si j’évoque ça, c’est que ça m’a donné l’occasion d’en revoir le trailer bien cool qui était sorti il y a quelques temps déjà.

Faut dire ce qui est : j’adore la Direction Artistique et le design des personnages. Le look est très proche de ce qui se fait chez Pixar, notamment sur Big hero 6 (mais avec des flingues)

et ça fonctionne très bien.
Visuellement, outre la similitude de style, on retrouve les principes d’une caractérisation très efficace qui pose pour chaque personnage deux éléments principaux : leur rôle en terme de jeu qui correspond à leur style de combat et un trait de personnalité qui va avec et qui leur donne un peu plus d’épaisseur.
Le truc intéressant, c’est que pour chaque personnage, le design permet directement d’identifier ces deux points avant même d’avoir besoin de les voir en action.

Face à ce besoin, il faut pouvoir s’appuyer sur des codes graphiques forts où un détail visuel évoque un paquet d’éléments plus complexes. Du coup, on tombe tout naturellement dans le domaine des tropes qui permettent, par association d’idées, d’indroduire des concepts plus élaborés en s’appuyant sur le socle de connaissances communes.

Le problème, c’est que pour parvenir à ce résultat sans trop de contexte préalable et en s’appuyant uniquement sur des codes visuels, je vois surtout trois familles majeures de tropes qui fonctionnent à tous les coups. Or comme ils sont justement utilisés de manière simplistes, ils peuvent tous devenir offensants : les tropes sur le genre, ceux sur la nationalité et ceux sur les professions.
Bon, faut aussi noter les designs vachement inspirés de l’existant comme Winston vs. the beast.

Évidemment, ça ne sert pas le même but et la différence majeure, c’est que les personnages de Pixar sont amenés à évoluer au cours du film et vont être amenés à dépasser leur Trope initial ou à éclaircir pourquoi il les définit tandis que ceux d’Overwatch vont probablement rester très figés et servent juste à être cool pour faire vendre le jeu par palettes (mais si Blizzard pose de la narration via un mode solo, ça peut être très intéressant même si ce n’est clairement pas l’objet du titre).

C’est aussi pour ça qu’un personnage de jeux vidéo aura plus de chances de rester dans le stéréotype caricatural et potentiellement blessant : il n’a pas toujours l’occasion d’évoluer et de sortir de son trope initial et l’absence d’évolution ou de prise de profondeur des personnages ne fait pas nécessairement un mauvais jeu si la narration ne figure pas aux objectifs du jeu alors que ça fait presque sûrement un mauvais film.

Un exemple évident dans le genre est le roster de Street Fighter où les personnages restent cantonnés dans leur cliché. Pour Street Fighter, c’est particulièrement rigolo car les clichés sont parfois vraiment limites mais il est encore plus vexant d’en être exclus et les geeks des nations non représentées réclament le leur à corps et à cris (et en sont évidemment déçus par la suite).

Bref, deux petites gribouilles à partir de personnages du teaser pour m’entraîner en utilisant les modèles pour les fringues mais en changeant les positions. J’essaierai d’en faire d’autres jusqu’à ce que je me lasse du sujet.

Tracer :
Style de combat : vitesse et Téléportation => trope associé, pilote de chasse avec les ceintures à clips et la veste de la RAF
Personnalité : espiègle => Trope associé : fille et britannique (avec l’accent qui va bien mais l’union jack sur la veste est assez clair même s’il n’est pas dans la perspective dans mon dessin).

Tracer

Tracer

Reaper :
Style de combat : DPS fourbe => trope : cape et masque typé médecin de la renaissance
Personnalité : trop daark. Pas de nationalité, la mort est universelle et c’est un mec. Bon, là, ça sert pas mon propos mais j’avais envie de dessiner un homme et une femme.
Pour ce personnage, c’est un peu de la triche aussi car il ressemble énormément aux autres assassins masqués avec un masque en tête de mort.

[Je me rends compte rétrospectivement que j'ai bien foiré ma contre plongée, va falloir que je le reprenne à l'occase.]

Reaper

Reaper

Pour conclure, je ne sais pas si c’est une mauvaise chose parce que ça remplit parfaitement son rôle et que je ne sais pas bien comment faire aussi efficace autrement mais c’est beaucoup plus intéressant quand c’est en plus servi par de la narration et il y a toujours le problème qu’une oeuvre qui ne se prononce pas sur son approbation ou non d’un d’un stéréotype contribue à le propager et l’approuve donc tacitement.

Toujours est-il que s’ils en faisaient un film, je serais probablement le premier à y aller.

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1 Comment for this entry

  • LCF

    Tracer : Oy mate!

    Dark Vador : Sur le plan purement graphique, c’est le haut du corps et la tête qui sont sensés être plus petits, c’est ça?