Sbeulog

Métajeu & Ouipe tradi

by Sbeu on mai.29, 2013, under Crobards

On arrive donc au métajeu (et après, promis, j’arrête. Ça a pas l’air de passionner les foules et je sens bien les tl;dr).

Le rôliste propre sur soi qu’on interroge à propos du métajeu à tendance à répondre que c’est le mal absolu et qu’il faudrait pendre tous ceux qui en font avec les tripes de ceux qui utilisent des figurines. J’ai envie de dire que c’est un mal nécessaire voir que c’est indissociable du JdR et que ça occupe beaucoup plus de place que ce qu’on croit.

Le métajeu donc, c’est prendre des décisions en jeu ou autour du jeu en exploitant des informations externes au cadre strict du jeu. Dans un jeu de société, c’est assez clair, respecter strictement les règles du jeu, c’est ok, utiliser une connaissance des habitudes de son adversaire, des tendances et stratégies à la mode pour les contrer, c’est méta.

En JdR, c’est plus délicat et encore une fois, c’est très différent entre ludisme et narrativisme.

Niveau ludisme, toute information à laquelle le personnage n’a pas accès prise en compte lors d’une décision est du métajeu. La limite avec les règles est beaucoup plus floue qu’avec un jeu de société classique puisque le personnage n’a pas conscience qu’il est dans un jeu régi par des règles simplificatrices, ne devrait pas les prendre en compte non plus et raisonner en termes de principes physiques à la place. Anticiper un combat en s’appuyant sur sa connaissance des stats du monstre, des probabilités et prévoir sa tactique en conséquence, c’est déjà limite mais ça fait partie du jeu et ça participe à la résolution des défis posés.
A fortiori, l’optimisation d’un perso, le powergaming ou plus généralement les choix d’évolutions lors d’une prise de niveau, même si on les redécore avec un vernis de rôleplay visent à se plier à des contraintes de système.
Cela touche encore plus les conventions narratives qui permettent d’avancer et d’incarner un personnage : difficile d’interprêter un pur rôle de composition surtout quand il faut mettre du sien pour maintenir la cohérence. Il m’est souvent arrivé de vouloir dire à un commanditaire en début de scénar que franchement, sa mission ne m’intéressait pas et que je n’avais rien à gagner. De même, les antipathies ou incompatibilités entre moralité des personnages donnent souvent lieu à des groupes bancals qui ne se seraient jamais montés et qui n’ont aucune autre raison de tenir que la cohésion du groupe vis à vis du scénar et le respect du meuj’.

Le meuj’ n’est pas en reste non plus comme détaillé dans ce Trope . C’est tricher, c’est du métajeu mais ça rend la partie intéressante. Sa capacité même à infléchir un scénario et à modifier à la volée la difficulté ou les objectifs pour cadrer aux attentes de la table, c’est déjà très limite mais c’est le coeur du rôle.
Là où je veux en venir c’est que si l’on ne s’adapte pas aux joueurs mais seulement aux personnages aussi bien en tant que joueur qu’en tant que maître, on passe à côté de l’objectif principal du jeu qui est d’être plaisant pour tous…

Niveau narrativisme, c’est un peu différent parce qu’ayant beaucoup plus de pouvoir sur l’histoire et étant moins lié au personnage, le joueur a accès à beaucoup plus de possibilités et d’informations. Une démarche classique consiste à trouver comment mettre son personnage dans les ennuis de la manière la plus intéressante possible là où un ludiste chercherait à éviter des tracas supplémentaires.
Du coup, un narrativiste qui revient au ludisme risque de faire beaucoup plus de métajeu qu’avant à cause d’habitudes parfaitement valides dans le storygame. Comme dit précédemment, les contraintes de métajeu du narrativiste sont très proches de celles du maître en ludisme.

Ca conclut mes réflexions du moment. Peut-être que j’enfonce des portes ouvertes ou retraite un sujet maintes fois couvert sur l’interwebz mais en tous cas, ça m’aura au moins permis à prendre conscience d’automatismes et à améliorer un peu ma pratique de ce loisir.

Sinon, un crobard en tradi que je m’apprête à mettre en couleurs à l’acrylique. Si vous êtes choqués par des détails de compo, de perspective, d’anat, c’est le moment de se manifester avant que j’y passe trop de temps sans me rendre compte de grosses failles!

Crobard

Crobard à peindre

:, ,

7 Comments for this entry

  • LCF

    Tu peux continuer, c’est intéressant et ça se lit bien.

    Je n’ai pas de remarque préliminaires pour le croquis, mais s’il y a un défaut, ne t’inquiète pas, ça Me sautera aux yeux quand tu l’aura fini.
    ^^

  • Sbeu

    Ouais, trop facile…

    C’est vrai que je préférerais passer du temps sur un truc qui sera beau au final plutôt que sur un truc qui comporte des failles depuis le départ qui deviendront irrécupérables quel que soit le temps passé dessus si on ne les détecte pas suffisamment tôt.

    Donc si c’est raté, ce sera Ta faute ^^, tu es ma nouvelle caution morale, mouhahahaha…

  • Athreeren

    « Ça a pas l’air de passionner les foules et je sens bien les tl;dr  »
    C’est surtout que je ne suis pas d’accord avec toi sans vraiment savoir pourquoi, et que si je réponds ça va tourner au troll.

    « Le rôliste propre sur soi qu’on interroge à propos du métajeu à tendance à répondre que c’est le mal absolu  »
    J’ai répondu au fur et à mesure de ma lecture du post, ce qui fait que je dis exactement la même chose que toi. Mais j’ai la flemme d’éditer.

    Le métajeu n’est pas un mal en soi. Nombre de jeux cherchent à s’inspirer d’une certaine esthétique, et donc des tropes associés à ce genre d’histoires. Or, les personnages de ces histoires ont tendance à avoir plus ou moins conscience de ces tropes (si ce n’était pas le cas, il ne s’appliqueraient pas), et considèrent que les tropes de leurs histoires sont le fonctionnement normal de leur monde. Il me semble donc normal pour les joueurs de faire du métajeu, au moins de façon à pouvoir jouer leur personnage de façon cohérente par rapport à son monde.

    Refuser le métajeu, je sais très bien ce que ça fait, et les MJ ont tendance à me haïr pour ça : souvent, le personnage n’a aucune raison objective d’entrer dans l’histoire, et soit le MJ en vient à mettre les joueurs sur des rails (peut-on encore appeler ça du jeu de rôle ?), soit les joueurs doivent faire du métajeu, et réagir non pas comme leur personnage réagirait, mais réagir comme leur personnage réagirait en tant que personnage d’une histoire. Typiquement, j’ai joué ce weekend à Pathfinder (et j’assume), et notre groupe de noobs se retrouve évidemment les seuls à pouvoir protéger la ville. Ça ne m’a pas empêché de constamment demander l’aide de la garde, et le MJ n’a pas arrêté de trouver les excuses les plus ridicules pour ne pas la faire intervenir. C’est pénible pour tout le monde, mais je ne sais pas jouer autrement ; heureusement qu’il n’y a jamais deux joueurs comme moi à la table et que je peux toujours compter sur les autres joueurs pour aider le MJ à forcer mon personnage à intégrer l’intrigue (il m’arrive souvent de les conseiller sur la meilleure façon pour ce faire d’ailleurs).

    « il faudrait pendre tous ceux qui en font avec les tripes de ceux qui utilisent des figurines  »
    Là, je ne suis pas d’accord. Au contraire, il faut protéger les joueurs de Warhammer et autres, en veillant à ce qu’ils ne s’étranglent pas avec les petits morceaux, c’est dangereux pour eux.

    « le personnage n’a pas conscience qu’il est dans un jeu régi par des règles simplificatrices  »
    Justement, lors de la partie de Pathfinder, on m’a expliqué comment tuer un dragon avec une douzaine de paysans : le premier commence avec un caillou dans la main, il le donne au deuxième et ainsi de suite. Comme c’est une action gratuite, on peut faire traverser au caillou une distance arbitrairement grande en un round, le faisant atteindre une vitesse proche de celle de la lumière, et m.c² = dragon mort.

    « J’ai envie de dire que c’est un mal nécessaire voir que c’est indissociable du JdR  »
    Pourtant, on peut faire du jeu de rôle sans faire de métajeu, et c’est ce qu’on appelle du simulationisme : c’est vraiment un pan du jdr à part.

    Pour le dessin, je n’ai jamais vu qui que ce soit brandir ainsi ses billets si ce n’est dans des films.

  • Sbeu

    Niveau trolling sur le pan théorique, c’est justement ça qui m’intéresse je serais notamment curieux de connaître les principes qui couvrent le simulationnisme selon toi. J’ai un peu tendance à considérer ça comme des ludistes qui se compliquent la vie mais sans trop connaître et sans jamais avoir testé de système type de cette mouvance.

    Sinon, globalement, on va effectivement plutôt dans le même sens et du coup, si tu remets le doigt sur les points de désaccord que tu trouves, ça m’intéresse pas mal.

    Niveau dessin, eh ouais, ça aussi c’est un trope. Si tu veux faire comprendre sans ambiguïté que t’embarques, agite tes billets (au risque de les perdre et y gagnant de réussir à convaincre une batterie de gens qui le savaient déjà vu que t’as passé les portiques de sécurité et l’immigration).

  • LCF

    Sur le dessin, il faudra peut-être donner au truc bipède au deuxième plan des vêtements non-moulants. Genre un pantalon en toile de Nîmes, et une veste en cuir, ça se trouve encore à cette époque?
    J’ai aussi l’impression qu’il y a un mur entre nous et la perspective exposée , mais qu’on le voit parce qu’on a activé la console et entré le code pour virer les collisions. C’est peut-être Moi, cela dit.

  • Sbeu

    J’avais reçu des remarques deGuido relatifs à la profondeur de champ sur la scène qui m’ont amenées à revoir la compo. Le truc bipède de remplissage a sauté au montage. Problem solved ^^.
    D’autre part, je continue un peu, je posterai peut-être le résultat mais comme on pouvait s’attendre d’une première tentative « sérieuse » en tradi, j’ai foiré pas mal de trucs qui rendent le résultat peu lisible.
    J’en commencerai une autre bientôt, je pense.

  • Enizya

    « (et après, promis, j’arrête. Ça a pas l’air de passionner les foules et je sens bien les tl;dr) » non non, n’arrêtes pas, je vis les parties à travers vos comptes-rendus, commentaires, analyses ou critiques des règles etc… sans vous et vos post ma vie devient grise et… bon ok j’en ai peut-être rajouté un peu à la fin, mais c’est vrai que j’aime beaucoup les posts liés aux jeux de rôles.
    Et aussi j’avoue ne pas lire régulièrement et/ou aussitôt tes posts, et ne les commente pas systématiquement (il faut dire qu’à part que j’aime bien, ou que ça m’a fait rire, ou merci, je n’ai pas beaucoup de choses à ajouter sur le sujet des JDR) mais je les lis avec plaisir.